
Nous poursuivons notre Anthologie de l’expérience missionnaire de la Consolata en Afrique, un voyage à travers les onze pays où sont présents les Missionnaires de la Consolata. Ces missions sont organisées en sept circonscriptions : la délégation d’Afrique du Sud-Eswatini, la région Mozambique-Angola, la région Tanzanie-Madagascar, la région Kenya-Ouganda (la région mère), la région Éthiopie, la délégation de la Côte d’Ivoire et la région République Démocratique du Congo.
Par Paschal Norbert *
Dans ces territoires, les Missionnaires de la Consolata se consacrent à une grande variété de ministères : travail paroissial, première évangélisation, éducation, soins de santé, engagement social et formation des futurs missionnaires.
Dans cette édition, nous nous concentrons sur la Côte d’Ivoire. Le père Alexander Likono Mukolwe, missionnaire de la Consolata originaire du diocèse de Kakamega, au Kenya, est en service en Côte d’Ivoire depuis 16 ans. Dans cette interview, il partage son expérience missionnaire dans un pays à majorité musulmane la croissance de la foi catholique, les défis et les espoirs de l’évangélisation en Afrique de l’Ouest.
Père, parlez-nous de vous et de votre parcours missionnaire.
Je viens du diocèse de Kakamega, au Kenya, et je suis un missionnaire de la Consolata actuellement engagé en Côte d’Ivoire. Je suis ici depuis 16 ans.
La Côte d’Ivoire est un pays d’Afrique de l’Ouest où environ 55 % de la population est musulmane, 30 % chrétienne et environ 15 % adhère aux religions traditionnelles africaines. Le pays est géographiquement et culturellement divisé en deux : la partie sud, où les chrétiens sont plus nombreux, et la partie nord, où les chrétiens ne représentent qu’environ 3 % de la population totale.
Quand les Missionnaires de la Consolata ont-ils commencé leur mission en Côte d’Ivoire et combien sont-ils aujourd’hui ?
Les Missionnaires de la Consolata ont commencé leur mission en Côte d’Ivoire en 1996, nous approchons donc les 30 ans de présence. Nous sommes actuellement 16 missionnaires répartis dans six communautés : trois dans le sud, deux dans le nord et une maison de formation située dans le centre.
Quelle est la nature de votre travail missionnaire dans un pays à majorité musulmane ?
Notre mission principale en tant que Missionnaires de la Consolata est ad gentes, c’est-à-dire annoncer la Parole de Dieu à ceux qui ne l’ont pas encore entendue ou qui connaissent peu le Christ. Nous travaillons principalement dans des zones reculées, partageant la vie et les valeurs avec les gens et les aidant à rencontrer le Christ.
Travailler dans un pays à majorité musulmane a été une expérience très enrichissante. Cela nous a ouvert les portes du dialogue et de la collaboration interreligieuse. Avec nos frères musulmans et ceux qui suivent les religions traditionnelles africaines, nous essayons de construire une compréhension mutuelle, de partager des valeurs communes et de promouvoir la paix.
Ce fut un parcours extraordinaire. L’année dernière, nous avons célébré 100 ans d’évangélisation et le centenaire de l’ordination du premier prêtre ivoirien. Bien que les chrétiens soient minoritaires, leur foi est profonde et vibrante.
On perçoit leur grand amour pour l’Église : les gens parcourent de longues distances pour assister à la messe et prier ensemble. Ils font des sacrifices pour vivre leur foi chrétienne en communauté. Ces célébrations centenaires ont été des moments de joie et d’action de grâce, reconnaissant que la foi catholique a façonné non seulement l’Église, mais aussi la société ivoirienne dans son ensemble.
Quels sont aujourd’hui les principaux besoins et défis missionnaires en Côte d’Ivoire ?
La Côte d’Ivoire a besoin de plus de missionnaires pour continuer à promouvoir la paix, la justice et l’unité. Le pays a connu des périodes d’instabilité politique et, comme vous le savez, il y a encore des débats sur les mandats présidentiels et le respect de la Constitution.
Outre la politique, la pauvreté, en particulier dans les régions du nord, représente un défi majeur. De nombreuses personnes vivent dans des conditions très difficiles, et il existe un grand besoin d’activités de promotion humaine pour redonner leur dignité et améliorer leurs conditions de vie.
En tant qu’Église, nous continuons à demander le respect de la Constitution et des lois du pays. Mais nous reconnaissons également que la démocratie, dans le contexte africain, est encore en évolution. Nous prions et travaillons pour une société où règnent la justice et la paix.
Vous avez récemment participé à une rencontre continentale des Missionnaires de la Consolata. Quel impact ces rencontres ont-elles sur vous en tant que responsable missionnaire ?
Ces rencontres sont très enrichissantes. Ils réunissent des missionnaires de différents continents pour partager leurs expériences, leurs joies, leurs défis et leurs espoirs. Parfois, en tant que responsables, nous rencontrons des difficultés et nous nous sentons seuls, mais lorsque nous nous réunissons, nous réalisons que les défis sont communs.
C’est un moment d’encouragement et de renouveau, un rappel que nous sommes tous des pèlerins de l’espérance. Ces rencontres nous permettent de repartir avec un esprit missionnaire renforcé, inspirés par les histoires et les expériences de nos confrères, et plus engagés dans notre mission commune d’évangélisation.
Quel message aimeriez-vous partager avec l’Église universelle concernant la mission dans des endroits comme la Côte d’Ivoire ?
Je dirais que la mission aujourd’hui ne consiste pas seulement à prêcher le Christ, mais aussi à vivre en communion avec les autres, en particulier dans des contextes de diversité religieuse et culturelle. Nous sommes appelés à construire des ponts, à promouvoir le dialogue et à témoigner de l’Évangile par l’amour et le service.
Dieu agit dans les cœurs humains, même dans les endroits où le christianisme n’est pas la religion majoritaire. Le peuple ivoirien – musulmans, chrétiens et adeptes des religions traditionnelles – est très accueillant et porteur de grandes valeurs. Nous pouvons tous apprendre les uns des autres en cherchant à construire un monde pacifique et uni en tant que fils et filles de Dieu.
* Note de la rédaction :
Cette interview a été réalisée à Sagana, au Kenya, le 15 août 2025, lors de la Rencontre Continentale des Supérieurs nouvellement élus des Missionnaires de la Consolata et de leurs Conseils. La conversation a été menée par Paschal Norbert, directeur de CISA News.