L’héritage de Joseph Allamano revit dans la Communauté de Saragosse

Nous nous sentons enfants du bienheureux Joseph Allamano. Il nous a régénérés. Quand le fils devient grand, il s’éloigne du père. Nous vivons donc l’essence de ce qu’il a vécu, et non les formes qu’il a utilisées, qui sont d’un autre temps : obéissance aveugle, rosaire, sacramentaux… Nous récupérons son esprit de base : « d’abord saints, ensuite missionnaires ».

Par Eugenio Boatella et Ramón Lázaro *

Selon les Constitutions, notre premier objectif est la sainteté. Tout le reste prend consistance et est soutenu par notre sainteté. Comme le disent les Constitutions, « c’est la sainteté des missionnaires qui évangélise ». Aujourd’hui, nous la vivons plus intensément et nous nous rendons compte qu’elle dépend d’une culture intérieure. Nous essayons de vivre de plus en plus ancrés en nous-mêmes.

La Vie Spirituelle dit : « Ceux qui disent que je suis venu ici pour être missionnaire et que cela suffit se trompent. Pas du tout. Il est impossible de vouloir faire le bien des autres et de ne pas être bon soi-même ».

Il s’agit d’évangéliser par irradiation : « Je ne peux pas abandonner la piété et seulement aider les autres ». C’est pourquoi la prière est importante, « un prêtre qui ne prie pas beaucoup n’est pas un vrai prêtre, et que dire d’un missionnaire : comment faire le bien si l’on n’est pas uni à Dieu ? On ne peut pas abandonner la prière en disant qu’il faut travailler. Il en va de même pour l’étude, car celui qui travaille, c’est Dieu ».

C’est la clé pour rester unis à Dieu : « il faut vivre dans le recueillement, en évitant la dissipation. Acquérir l’habitude du recueillement demande du temps et des efforts… Le silence extérieur ne sert à rien s’il n’y a pas de silence en nous ».

Nous cherchons à avoir l’esprit fixé sur Dieu, à vivre et à agir en présence de Dieu. « Vivre continuellement en présence de Dieu est l’un des moyens les plus efficaces pour atteindre la sainteté ». C’est l’essence de ce que le Fondateur a vécu et nous a enseigné.

Sa paternité spirituelle nous touche aussi profondément : il s’agit d’être attentif aux personnes concrètes. Il a accompagné de nombreuses personnes dès il sanctuaire de la Consolata à Turin. Et il savait aussi accompagner les missionnaires à travers les journaux. Nous voyons en lui la primauté de la personne et l’importance qu’il accordait à l’écoute et à l’accompagnement.

Sa spiritualité mariale nous montre Marie comme la femme à l’écoute de la Parole, la femme attentive, la femme mère, la femme missionnaire, la femme fidèle, la femme engagée dans l’histoire et dans la réalité des plus pauvres, ainsi que critique à l’égard des méthodes utilisées par les puissants. Et nous vivons tout cela dans notre spiritualité quotidienne, non pas avec les moyens du rosaire, mais avec une spiritualité mariale quotidienne.

Nous vivons aussi l’Eucharistie comme source de spiritualité, de relation avec Dieu et de relation avec la communauté. Plus qu’une obligation ou une dévotion, elle est une rencontre personnelle avec Dieu et une source de dynamisme missionnaire. Nous la préparons avec amour, nous la vivons en Dieu et elle nous projette vers la rencontre avec l’assemblée après la célébration.

Nous vivons aussi intensément l’esprit de famille du fondateur. Nous l’incarnons dans notre fraternité et avec toutes les personnes qui entourent la Consolata. Nous consacrons du temps, de l’amour et de l’attention à rendre notre communauté riche d’un dialogue de qualité et à nous montrer tels que nous sommes et ouverts à la conversion. Nous cherchons à nous libérer de la tentation de voir ce que les autres font ou vivent ou ne font pas ou ne vivent pas. Nous nous concentrons sur un parcours personnel de conversion qui a des conséquences sur notre vie de fraternité.

Un autre aspect d’Allamano que nous vivons dans notre vie quotidienne est l’ecclésialité, l’insertion dans le diocèse. Nous cherchons à apporter ce que nous sommes et à vivre comme des missionnaires dans nos réunions de vicariat et dans les paroisses où nous servons. Nous voulons être levain et levure dans cette église locale en faisant « le bien et sans bruit ».

Nous considérons le Fondateur comme un « nain » qui s’est tenu sur les épaules de géants tels que saint Pierre, saint Jean, saint Paul, saint Joseph Cafasso, saint Jérôme, saint Jean Chrysostome, saint Augustin, saint Bernard, saint Dominique de Guzman, saint François d’Assise, sainte Claire, saint Thomas d’Aquin, sainte Catherine de Sienne, saint Ignace de Loyola, saint François Xavier, saint Philippe Néri, sainte Thérèse d’Avila, saint François de Sales, saint Alphonse de Liguori, Jean-saint Marie Vianney, saint Pierre Chanel, saint Jean Bosco et sainte Thérèse de Lisieux, pour n’en citer que quelques-uns.

Joseph Allamano est monté sur leurs épaules, ce qui lui a permis de regarder au-delà de l’horizon. Il a su monter sur ces géants pour voir plus loin et lire les signes des temps dans lesquels il vivait sous l’impulsion de l’Esprit.

Jésus est mort sur la croix et nous sommes destinés à mourir pour le Royaume sans que ce soit un drame. Nous vivons libérés de l’angoisse de nous perpétuer ou de penser à ce que nous deviendrons ou comment nous survivrons. Nous sommes de passage et Dieu appelle d’autres missionnaires de la Consolata dans de nombreux autres endroits de notre monde.

* Le P. Eugenio Boatella Cumpián, IMC, et le P. Ramón Lázaro Esnaola, IMC, Communauté de Saragosse en Espagne.

Conteúdo Relacionado